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Lettre du Pool n°2-3 : Crimes de masse et Décivilisation dans le Pool. Pourquoi l’indifférence?

Par • 14 Oct 2016 • Catégorie: Actualités, Contributeurs et auteurs

Lettre du Pool n° 2-3, octobre 2016

Crimes de Masse et Décivilisation dans le Pool. Pourquoi l’indifférence?

Auteur : Guy Aurélien Mankessy (sous la dir. de)
Format : 297mm*420 mm / Folio : 12 pages / Poids : 50gr / Format A3
Parution : 10/10/2016 / impression quadri
ISBN : 2-84220-096-1 /
ISSN : 2490-9955  /  Prix : 6 €
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Crimes de masse et décivilisation dans le Pool. Pourquoi l’indifférence ?

Par Emo Ntsiabaro

Une réalité qui questionne

Lorsque les outils juridiques internationaux deviennent inopérants pour qu’une population donnée puisse jouir de sa dignité humaine, et que sa survie en tant que membre de la famille humaine est menacée, pire, vouée à une extermination programmée sur le sol de ses ancêtres, cet ethnocide ne peut être que celui d’une multiplicité d’acteurs qui opèrent sur les cinq continents.


On est alors en droit de s’interroger si la situation vécue dans département du Pool n’est pas au cœur d’une conspiration sans frontière.

Depuis la purge de sang  de mars 1977 avec le fratricide de Marien Ngouabi, et  l’éviction en février 1979 de Yhombi Opangault, son emprisonnement et la prise effective du pouvoir par Denis Sassou Nguesso, les ressortissants du Pool ont payé et payent encore un lourd tribut en vies humaines abrégées. Pour avoir été toléré dans le monde entier, le pouvoir de Brazzaville, depuis sa fin de règne annoncée par sa disqualification sans équivoque par le peuple souverain à l’occasion du scrutin présidentiel anticipé du 20 mars 2016, a systématisé les massacres  à grande échelle, sous le huis clos de la communauté internationale. Telle est la triste réalité que traduit le pogrom dans la région du Pool, commencé en décembre 1998 et qui s’est de nouveau amplifié depuis le 04 avril 2016, comme un volcan jadis endormi qui a repris son activité éruptive.


Un drame annoncé par les assassinats politiques des années 1977 à 1979.

Mars 1977, deux présidents de la République, Marien Ngouabi, Alphonse Massamba-Débat et un Cardinal, sont assassinés dans l’intervalle d’une semaine. Sans compter les témoins anonymes, des militaires en fonction ou certains officiers tels Kimbouala Nkaya abattu à domicile. Il fallait désigner des boucs émissaires expiatoires et fabriquer une idéologie ethno culpabilisatrice d’une certaine population comme béquille du régime naissant de Sassou Nguesso. Et la trouvaille sera simplement machiavélique :

« Bakongo ba bomi Marien », ce sont les Bakongo qui ont tué Marien Ngouabi . Il fallait donc leur faire payer ce forfait.. La cour révolutionnaire d’exception de février 1978, sacrifiera dix innocents tous ressortissants du Pool : Dianzenza Pierre, Kanza Daniel, Kianguila Daniel, Kinkoumba Etienne, Konda Albert, Kouba Grégoire, Mizelet Germain, Ndoudi-Nganga, Samba Dia Nkoumbi, Sissoulou Simon, seront tous fusillés au petit matin sans recours. Qui pis est, leurs dépouilles jamais remises à leurs familles, tout comme celle de l’ancien chef de l’état, Massamba-Débat, demeurent à ce jour sans sépultures. Comme on peut le comprendre, ces familles interdites de faire un quelconque rassemblement sous forme de deuil, demeurent terrorisées, traumatisées à vie.


Ainsi s’est formalisée la barbarie ethnique dans la gestion de l’état, qui continue jusqu’à ce jour. Ce qui corrobore  la critique de ce système politique, formalisée en son temps par Ange Diawara, sous le concept de l’OBUMITRI (Oligarchie Bureaucratique Militaro Tribale)

…..

L’ethnocide dans le Pool nourri par les prises de positions françaises ?

Comment expliquer la coïncidence entre les déclarations des autorités françaises en faveur de Sassou Nguesso et l’accentuation de l’ethnocide dans le Pool ? Le 30 juin 1998, le président français s’exprime à Luanda en ces termes : « Je me suis réjoui de l’intervention de l’Angola au Congo-Brazzaville, pour la raison simple que ce pays était en train de s’effondrer dans la guerre civile, de s’auto-détruire, et qu’il était souhaitable que l’ordre revienne. Il y avait quelqu’un qui était capable de le faire revenir, c’était Denis Sassou-Nguesso. Il lui fallait un soutien extérieur pour un certain nombre de raisons, l’Angola le lui a apporté» (François-Xavier Verschave, Noir Silence, Qui arrêtera la Françafrique, Paris, les Arènes, 2000, p. 16). Ce discours de Luanda, faisait suite au Droit de Veto de la France qui avait rejeté une résolution visant l’envoi d’une force onusienne de maintien de la paix, et d’interposition entre les deux belligérants Pascal Lissouba et Sassou Nguesso en 1997.

En décembre 1998, six mois après ce discours de Luanda, encouragé par ce satisfecit, commença la razzia,  à grande échelle, contre les populations civiles des quartiers sud de Brazzaville, du Pool, et des pays du Niari.

17 ans après, François Hollande autorise le référendum sur le changement de la constitution de 2002. Celle-ci, bien que taillée aux mensurations de Sassou Nguesso, limitait à deux le nombre de mandats du Président de la république, rendant ainsi possible une alternance démocratique en juillet-août 2016. L’opposition congolaise avait fait de cette alternance son cheval de bataille, et avait salué la position de fermeté prise par le président français François Hollande dans son discours de Dakar en 2014 ….

Les démocrates africains ont désormais compris que : « Les Congolais ne trouveront jamais dans l’espace francophone le soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit, et la démocratie dans leur pays », pour prendre l’antithèse du discours dakarois du président français. Du 21 octobre 2015 au 04 avril 2016, il s’est écoulé six mois environ, comme en 1998, pour que le même ethnocide reprenne avec les mêmes acteurs, les mêmes prétextes, le même mode opératoire, tel un volcan qui sommeillait dans les entrailles de la Françafrique…. À suivre dans le journal.


édito : Quand le

machiavélisme emprunte les habits du « vivre ensemble »

Comme nous l’enseigne la fable de La Fontaine « tout flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute »(le corbeau et le renard),  c’est bien ce que traduit la bonne farce et pire la duperie que cache mal la récente et surprenante découverte par les chantres du pouvoir absolu, des vertus désormais adjurées du « vivre ensemble ». D’où vient donc cette soudaine fascination pour ce concept aujourd’hui à la « Une » du discours  politique à Brazzaville ? En tout cas,  point n’est besoin d’être clerc pour constater que bien plus qu’un cheval de Troie, il s’agit assurément d’une autre forme de subterfuge planifiée, pour maquiller la réalité sociale congolaise telle qu’elle se donne à voir dans nos rues, nos quartiers, nos villes et nos campagnes.

La nation congolaise héritée de ses illustres pères fondateurs Opangault, Youlou, Tchicaya, n’existe plus que de par la carte du monde. La république espérée en 1960  a perdu son âme. Le rêve d’unité proclamé par la « congolaise » notre hymne nationale s’est progressivement estompé.


Et pour cause, les effets conjugués du tribalisme, des discriminations produites par  l’injustice sociale et le despotisme, de la corruption, de dépravation des mœurs, de la négation de la morale et de l’éthique et notamment des violations des droits et de l’extermination planifiée d’une partie de sa population. Autant de maux entretenus par ceux là même qui aujourd’hui veulent porter les habits du « vivre ensemble » comme pour se donner bonne conscience.


Le sentiment d’appartenance à une communauté homogène et solidaire, n’est plus qu’un lointain souvenir pour les citoyennes et citoyens congolais du nord au sud et de l’est à l’ouest.

En sourdine, plusieurs questions interpellent le bon sens : Peut -on imaginer que les parents congolais démunis qui ne peuvent nourrir leur maisonnée ou pis qui peinent à financer la scolarité de leurs enfants vont allègrement tendre la main à ceux de ces prédateurs des deniers publics et nouveaux riches ?… A suivre dans le journal


Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République Française

Me Bernard Amédée N’GANGA

Ancien avocat au Barreau de Paris

Avocat au Barreau de Brazzaville


Monsieur le Président,

J’aurais aimé, ne point avoir à vous écrire, si votre silence flagellé ne me tînt pour peine infligée. Il s’agit du Congo-Brazzaville, Monsieur le Président. Il vous souviendra qu’à la suite de la conférence de la Baule, les peuples déconsidérés, prirent congé du monstre froid : Monsieur Denis Sassou-Nguesso.

Cinq ans plus tard, au prétexte mensonger d’un trouble de réveil matinal, l’occasion fût belle et trouvée d’une guerre. La France imposera proprio motu Monsieur Denis Sassou-Nguesso rejeton nazi, auteur d’un pogrom en 1998. En témoigne, l’affaire des disparus du Beach.

Pourquoi tant de haine et de mépris pour la race noire ?


Est-ce le code noir qui rend l’or noir plus important que la race noire ? Les valeurs d’humanisme et de justice seraient-elles informes à la protection des intérêts de la France, pour leurs préférer un nazi ? De propos délibéré, le vice aurait-il inhibé jusqu’à l’ignorance de l’excès entre 27 ans au pouvoir de Monsieur Blaise Compaoré au Burkina Faso et 32 ans de Monsieur Denis Sassou-Nguesso au Congo-Brazzaville ?… A suivre dans le journal


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